C’est exactement pour cette raison que je crois qu’il s’agit de la meilleure façon de prendre soin des sabots de nos chevaux, car elle nous force à réfléchir et à nous adapter à la nature même de chacun d’entre eux. Le but du parage est de s’approcher au plus près du sabot ‘sauvage’ ! Nous ne devons pas traiter le sabot en fonction de ce que nous voulons obtenir mais en fonction de ce que la nature a prévu.
_ Si vous savez écouter, le sabot vous dira tout ce que vous avez besoin de connaître.
Votre Cheval Pieds Nus, Pete Ramey
L’objectif de cet article n’est pas de couvrir le Parage Naturel dans son ensemble, ce qui est au-delà de mes compétences et un vaste sujet. Je souhaite simplement présenter les bases du parage naturel et démystifier l’idée selon laquelle seuls les professionnels sont habilités à (se faire payer pour) s’occuper des sabot de nos chevaux.
Préparation
Une bonne préparation est une des clefs du succès : trouvez un endroit confortable pour le cheval, assurez-vous de vous sentir à l’aise avec lui (et vice-versa), aidez-le à trouver son équilibre avant de lui demander les pieds (et pensez à demander avant de prendre le pied, regardez la vidéo comment éduquer un cheval à donner les sabots si besoin), enfin traitez-le en douceur d’une manière générale.
Votre Cheval Pieds Nus, Pete Ramey
Prenez votre temps : n’allez pas trop vite lorsque vous cisaillez, coupez et râpez, il faut éviter bien sûr de blesser le cheval, mais aussi d’en faire trop. D’autre part, ne tentez pas de forcer le sabot, parez étape par étape : il vous faut “tendre dans la direction du modèle sauvage plutôt que de trancher dans le vif dès le premier parage”.
Un parage naturel ne devrait jamais causer de gêne ou de douleur. Les chevaux que vous parez doivent se sentir aussi à l’aise qu’avant, ou mieux qu’avant bien sûr car c’est finalement le but recherché.
Parage
Le parage n’est qu’une question d’organisation, suivez le programme et prenez votre temps :
Lire le sabot :
Déséquilibres, éclats, paroi de la pince, longueur des talons… “visualisez l’os du pied” dans la capsule du sabot.
Jonction de la fourchette avec la sole :
Vous pouvez enlever la sole en surface sur environ 2 cm autour de la fourchette, à l’avant des barres, mais laissez le reste de la sole telle quelle. Cette façon de parer la sole va permettre une croissance solide et concave du sabot, la sole se durcissant.
La concavité solaire est un dôme naturel que les chevaux sauvages développent au contact d’un terrain souvent dur, c’est aussi notre objectif lors du parage, cependant “la concavité se fabrique par étapes, elle ne se fabrique pas à la rênette.”
Sole calleuse :
Il faut laisser autant de sole que possible. L’objectif est de nettoyer la sole morte , reconnaissable à sa texture poudreuse ou floconneuse. La sole cireuse est vivante et devrait être laissée telle quelle. Il faut aider la sole calleuse à recevoir autant d’usure passive que possible en :
- Coupant systématiquement la paroi en excès autour du sabot.
- Coupant les barres avant qu’elles ne deviennent trop longues.
- Permettant un maximum de mouvement au cheval.
“Dégrossir” le sabot :
Une fois que la sole morte est nettoyée, coupez la paroi tout le long de la surface plantaire. Vous pouvez utiliser les pinces si la paroi est vraiment longue, sinon la rênette ou la râpe peuvent suffire.
Talons et barres :
Votre Cheval Pieds Nus, Pete Ramey
Les barres doivent être réduites en ligne droite jusqu’à la fourchette, autour de celle-ci et de son sommet. Coupez toutes les craquelures présentes dans les barres.
Pince :
Observez de plus près les deux premiers centimètres de paroi se trouvant sous le bourrelet. Il s’agit de l’angle de croissance naturel du sabot. Tout changement d’angle le long de la paroi indique que la pince est étirée vers l’avant. Ne touchez pas à la sole de la pince, mais munissez-vous de votre pince à parer pour réduire la longueur du sabot en coupant la paroi jusqu’à la ligne blanche au niveau de la pince perpendiculairement à la surface plantaire.
Cela permettra d’arrêter l’étirement de la chair feuilletée et soulagera le cheval instantanément.
Quartiers :
Ils ne doivent pas être en contact avec le sol sur une surface plane, mais légèrement creusés, comme la paume de nos pieds. La paroi doit être laissée environ 1 mm au-dessus du niveau de la sole afin de mieux la protéger dans cette zone des quartiers.
Paroi vue du dessus :
Elle doit descendre en ligne droite depuis le bourrelet jusqu’au sol. Si ce n’est pas le cas, râpez l’excès de corne. En regardant le sabot depuis le dessus, la “paroi devrait être sensiblement parallèle au bourrelet principal sur tout le pourtour du sabot”.
“Mustang roll” :
Même nos chevaux domestiques ont droit à ce qui se fait de mieux. Le “mustang roll” le long du sabot empêchera le sabot de casser ou d’éclater, de plus il améliorera la locomotion du cheval car ses sabots se rapprocheront de leur silhouette naturelle.
En fin de compte, gardez les points suivant à l’esprit lors du parage :
1. Lire le sabot
2. Couper la fourchette jusqu’à sa jonction avec la sole
3. Développer la sole calleuse
4. Dégrossir le sabot
5. Supprimer les barres et réduire les talons
6. Raccourcir la pince SI NÉCESSSAIRE
7. Former les quartiers
8. Râper la paroi en ligne droite jusqu’au sol
9. Former le “Mustang roll”
Vérifier et accompagner
Une fois le parage terminé, il est important de prendre du recul et d’observer d’un oeil critique le travail effectué. Assurez-vous de l’équillibre et de l’uniformité des sabots. Vu de face, le bourrelet doit être parallèle au sol. D’autre part, bien qu’il ne faille pas rechercher d’angles spécifiques et définitifs, naturellement les sabots postérieurs tendent à être plus inclinés que les antérieurs.
Le parage ne fait pas tout. Votre persévérance et votre régularité sont des clefs pour maintenir un sabot sain : “mieux vaut prévenir que guérir”, c’est particulièrement vrai lorsque l’on évoque la question des sabots. La réhabilitation ne doit se faire qu’une seule fois, ensuite il s’agit simplement de maintenance. De même que l’Équitation Naturelle prévient tous les comportements irrespectueux et dangereux chez les chevaux, le Parage Naturel _ lorsqu’il est utilisé dès le départ chez le poulain _ permet de prévenir les maladies et malfonctions du sabot. Enfin, assurez-vous de faire le nécessaire pour réussir : le régime alimentaire doit être précautionneusement choisi (pas de sucre ou de nourritures trop riches), l’environnement doit être en phase avec les besoins du cheval (beaucoup de mouvement, un terrain sec, une vie en troupeau), etc.
En guise de conclusion, je vous invite à lire le livre de Pete Ramey (ici un extrait traduit en français) : Votre Cheval Pieds Nus. Toutes les idées avancées dans cet article en sont tirées (la version française n’est plus disponible, la version anglaise est plus riche par ailleurs).
Pete Ramey était un maréchal-ferrant “classique” qui a eu l’occasion d’apprendre avec Jaime Jackson, il a ensuite pratiqué sur des centaines de chevaux et a su obtenir d’excellents résultats. Son approche empathique et loin des canons marketing est plaisante, et ses explications parfois techniques sont toujours intuitives et claires.
Je suis persuadé que tous, propriétaires et cavaliers, avons la possibilité de faire plus et mieux pour nos chevaux, ce qui inclut le soin de leurs sabots et donc leur parage. L'intention de cet article est d'inviter ceux qui hésitent encore à prendre leurs outils et à pratiquer... MAIS, ne commencez pas à couper, cisailler et râper avant de vous être éduqué.
Lire le livre de Pete Ramey est un excellent début, jetez un oeil aux vidéos disponibles sur internet, consultez les sites spécialisés, compulsez les articles... Lorsque vous avez suffisamment appris, allez-y, vous ne le regretterez pas.
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